LE DÉCLIN DÉMOGRAPHIQUE DE L’UNION EUROPÉENNE SCELLÉ ?



 21 juin 2023


À l’heure où la question migratoire taraude à nouveau les Français, les dernières projections d’Eurostat (EUROPOP2023) posent aux Européens la question de leur survie démographique. Même en projetant une remontée progressive de la fécondité, à très long terme, vers un niveau légèrement inférieur à la fécondité française actuelle, l’UE ne peut espérer ne serait-ce que maintenir le nombre de ses habitants sans recourir à l’immigration. Laquelle pourrait finir par peser très lourd dans l’évolution démographique de certains pays de l’UE, notamment en Espagne et en Italie où la fécondité tourne actuellement autour de 1,2 enfant par femme. L’Europe n’envisage pas la possibilité d’une redynamisation interne de la démographie de l’UE condamnée à voir le nombre de décès dépasser très largement le nombre des naissances. C’est déjà le cas et cela ne devrait pas s’arranger. Sans immigration, l’UE pourrait perdre, même avec une remontée progressive de la fécondité (1,77 enfant par femme en 2150), 152 millions d’habitants d’ici la fin du siècle.

 

 

Eurostat a publié d’abord une projection centrale, à laquelle il a ajouté plus récemment des variantes. Le calendrier des projections d’Eurostat est étroitement déterminé par les besoins d’ECOFIN[1] sur la viabilité des finances publiques compte tenu, notamment, du vieillissement.

2022 est l’année de départ d’EUROPOP2023 et 2100 la dernière année projetée. De la projection centrale sont dérivées cinq autres projections alternatives faisant varier une seule hypothèse à la fois.

Des hypothèses sur la fécondité, la mortalité et les migrations sont nécessaires. La méthodologie (voir l’encadré méthodologique en fin de texte) ressemble à celle des exercices précédents à quelques variantes près. Comme dans ces derniers, est retenue l’hypothèse d’une convergence, qualifiée de partielle, entre les pays de l’UE. Le raisonnement est toujours le même : la convergence socio-économique devrait conduire à une convergence des évolutions démographiques.

 

L’UE27 condamnée au déclin démographique ?

Dans la projection centrale, la population de l’UE27, estimée à 446,7 millions en 2022, gagnerait 1,1 millions d’ici 2050, mais en perdrait 18,6 dans le quart de siècle suivant et encore près de 10 dans le dernier quart. Dans la projection qui suppose un gain d’espérance de vie de 2 ans supplémentaires d’ici 2100, la population de l’UE27 suivrait une trajectoire voisine. Une immigration non européenne d’un tiers plus élevée conduirait à une légère progression de la population de l’UE27 sur le reste du siècle, surtout jusqu’en 2050. Une immigration non européenne en recul d’un tiers amènerait une diminution de la population d’ampleur légèrement moindre que ce que produirait une fécondité inférieure de 20 % à celle retenue dans la projection centrale. Sans aucune migration, la population de l’UE27 perdrait 38 millions d’ici 2050, puis encore 114 millions d’ici la fin du siècle. Dans le cadre des hypothèses retenues, l’immigration freinerait donc le déclin démographique de l’UE27 et pourrait même en augmenter un peu le nombre d’habitants dans l’hypothèse migratoire la plus haute.



                                      Graphique 1.- Évolution de la population de l’UE27 en fonction des hypothèses retenues par Eurostat.

 

L’UE ne peut compter sur le mouvement naturel pour accroître ou seulement maintenir sa population

 

Quelle que soit la projection, l’évolution naturelle de la population de l’UE27 serait fortement négative sur l’ensemble de la période. En 2022, 1,25 million de nouveau-nés ont manqué pour compenser le nombre de décès. Ce déficit est appelé à se creuser dans toutes les hypothèses, jusqu’autour de 2060, pour diminuer ensuite, mais sans qu’il ne se transforme jamais en excédent. Sans surprise, c’est l’hypothèse d’une fécondité basse qui a l’effet le plus négatif sur le solde naturel (graphique 2). Rappelons que ce résultat est dû en partie à l’hypothèse selon laquelle les immigrées auraient la même fécondité que les natives, alors qu’elle lui est supérieure dans plusieurs pays. Mais, au final, d’après EUROPOP2023, l’Union européenne n’a aucun espoir de voir sa démographie assurée par le renouvellement naturel. Pour maintenir ou voir croître un peu sa population, elle ne peut compter que sur l’immigration. La plupart des pays de l’UE27 connaissent un solde naturel négatif dès 2022. Dans la projection centrale, ce n’est le cas de la France qu’à partir de 2039, de l’Irlande qu’à partir de 2051 et de la Suède qu’à partir 2058.

                                          Graphique 2.- Évolution du solde naturel (naissances-décès) selon l’hypothèse retenue par Eurostat.

 

Apport démographique de l’immigration nette

 

L’apport démographique de l’immigration nette n’est pas celui de l’immigration étrangère. S’y ajoute celui de l’immigration nette des natifs, assez souvent négative. C’est le cas en France où beaucoup plus de natifs quittent la France que ceux qui y reviennent. Cet apport démographique est celui des migrations à venir, sans cumul avec celui des migrations passées. Enfin, la fécondité et la mortalité sont, par construction, les mêmes pour les immigrés et les natifs.

Le tableau 1 ci-dessous rassemble les données sur cet apport démographique d’ici 2050, 2075 et 2100. Dans l’hypothèse migratoire haute, les migrations ajouteraient près de 59 millions d’habitants à l’UE27 d’ici 2050 soit +12,6 %. C’est apport doublerait dans le quart de siècle suivant et finirait par atteindre près de 175 millions en 2100, soit 37 % de la population de l’UE27 à cette date. C’est en Italie et en Espagne, pays pour lesquels les taux d’immigration nette projetés par Eurostat sont les plus élevés, quelle que soit l’hypothèse migratoire, que cet apport est le plus conséquent, sans même assurer une croissance démographique sur l’ensemble de la période. Dans l’hypothèse migratoire haute, la population de l’Italie ne gagnerait qu’un million d’habitants d’ici 2050, en perdrait ensuite, pour finir à 57 millions en 2100. La moitié de la population serait alors apportée par l’immigration nette intervenue depuis 2022. Avec la même hypothèse, la croissance démographique de l’Espagne de quelques millions d’habitants d’ici 2075 serait également le fruit d’un apport démographique de l’immigration nette important, lequel représenterait 55 % de la population en 2100. Quant à la population de la Pologne, elle est amenée à se réduire drastiquement dans toutes les hypothèses. Sans migration, elle perdrait 36 % de sa population d’ici 2100. Elle en perdrait aussi si l’hypothèse migratoire haute se trouvait vérifiée, mais moins (-15 %). Alors, près d’un quart de sa population serait apportée par l’immigration nette depuis 2022.

                                  Tableau 1.- Apport démographique de l’immigration nette (N.A. : nombres absolus en millions et en %) dans les

                           cinq pays les plus peuplés de l’UE27 en fonction de l’hypothèse migratoire retenue par Eurostat, en 2050, 2075 et 2100.

 

La population de l’UE27 appelée à vieillir dans toutes les hypothèses

 

Le rapport de dépendance qui rapporte le nombre de personnes âgées de 65 ans ou plus aux personnes âgées de 15 à 64 ans, déjà élevé en 2022 (33 %) est appelé à croître dans l’UE27, quelle que soit l’hypothèse retenue. Dans l’hypothèse la plus favorable (migrations hautes), il atteindrait 48,3 % en 2050, puis 53,3 % en 2075 pour finir à 57,9  % en 2100. Il y aurait alors un peu plus d’une personne en âge d’être en retraite, si celle-ci était fixée à 65 ans, pour deux personnes potentiellement d’âge actif. Et encore, peu commencent à travailler à 15 ans. La situation serait bien pire en l’absence de migration : 50 % serait atteint dès 2042 et le rapport de dépendance tendrait vers 70 % en fin de siècle (graphique 3). C’est aussi à ce niveau que conduirait, en 2100, l’hypothèse de fécondité basse. En France, avec des hypothèses migratoires beaucoup plus faibles, compte tenu d’une fécondité supérieure, le profil d’évolution est à peu près le même, sauf en l’absence de migration. Le résultat semble aberrant car le rapport de dépendance évolue alors moins vite que dans l’hypothèse migratoire basse. Lorsqu’on examine l’apport démographique de l’immigration, dans cette hypothèse, au nombre de naissances, il serait moins élevé entre 2032 et 2081 qu’en l’absence de toute migration. On ne comprend pas bien pourquoi, la fécondité et la mortalité restant les mêmes[2].



 

                 Graphique 3.- Évolution du rapport de dépendance (65 ans+/15-64 ans) de 2022 à 2100 en fonction de lhypothèse retenue par Eurostat



Au vu des résultats de ces projections, on comprend les préoccupations d'Ecofin et de celles de la Commission européenne. L'UE27 serait, sans migration, condamnée à un fort déclin démographique, couplé à un vieillissement accentué.  Mais, même avec une immigration nette conséquente, la population de l'UE27 augmenterait peu sans éviter un certain vieillissement.

La possibilité d’une accentuation de la pression migratoire du type de celle connue ces dernières années n’a pas échappé à Eurostat sans qu’on la retrouve dans ses hypothèses : « À l'avenir, le changement climatique devrait être l'un des moteurs des schémas migratoires mondiaux. Rien qu'au cours des 30 prochaines années, l'élévation du niveau des mers, la sécheresse, l'augmentation des températures et d'autres catastrophes climatiques devraient obliger quelque 143 millions de personnes à fuir leur foyer et contribuer à maintenir des niveaux d'immigration élevés dans l'UE »[3].

Par ailleurs, Eurostat a privilégié une convergence de la fécondité dans l’UE27 vers un niveau (1,77) voisin de celui de la France aujourd’hui (1,80 France entière, 1,76 en France métropolitaine en 2022[4]) en 2150, tout en exprimant des réserves sur le rôle de la conciliation entre travail, carrière et maternité dans la poursuite d’une récupération tardive de la fécondité qui s’est raréfiée aux âges jeunes. Une étude de la fécondité dans les pays nordiques, champions de cette conciliation, a révélé que la baisse de la fécondité y est principalement liée au recul de la fécondité de rang 1[5]. Il n’est donc pas impossible que le déclin démographique soit beaucoup plus prononcé que celui annoncé par la projection centrale d’Eurostat, qui est celle sur laquelle il communique le plus volontiers[6].

On pourrait juger qu’il est de peu d’intérêt de produire des projections de populations à un horizon aussi lointain que 2100. Il n’est cependant pas inintéressant d’anticiper ce que nous réserve un déclin démographique prolongé. Eurostat n’anticipe à aucun moment la possibilité, pour l’UE, de retrouver un niveau de fécondité qui assurerait le renouvellement de sa population. Il est d’ailleurs peu probable qu’une politique familiale volontariste suffise désormais à convaincre les jeunes de croitre et se multiplier, à une époque où c’est l’être humain qui fait figure de nuisible sur terre. Les enjeux écologiques et climatiques mondiaux et un individualisme forcené ne forment pas le cocktail idéologique favorable à la responsabilisation des Européens pour qu’ils se préoccupent d’un destin collectif à l’échelle de leur nation ou de l’Union européenne. Les lamentations sur la relève démographique qui vient de l’étranger ne sauraient être le refuge de peuples qui n’assument plus la survie de leur civilisation.


[1] Conseil pour les Affaires économiques est financières formé des ministres des finances.

[2] Une immigration nette basse de 2022 à 2100 conduirait ainsi à 1,3 % de naissances supplémentaires seulement en 2100 en France ! Soit 18 fois moins qu'en moyenne dans l'UE27 et un peu plus de dix fois moins que dans la projection centrale. C'est fort peu crédible. J'avais déjà remarqué ce défaut dans les projections de l'Insee 2021-2070, en raison du choix peu judicieux d'introduire des sorties nettes à certains âges (cf. https://439890946/452131135) .

[3] https://ec.europa.eu/eurostat/statistics-explained/SEPDF/cache/115485.pdf.

[2] Estimation provisoire de l’Insee, https://www.insee.fr/fr/statistiques/6688659?sommaire=6686521.

[3] J. Hellstrand, J Nisén, V. Miranda, P. Fallesen, L. Dommermuth, M. Myrskylä, « Not Just Later, but Fewer: Novel Trends in Cohort Fertility in the Nordic Countries », Demography, 2021, 58(4), 1373*1399. https://read.dukeupress.edu/demography/article/58/4/1373/174063/Not-Just-Later-but-Fewer-Novel-Trends-in-Cohort

[4] https://ec.europa.eu/eurostat/web/products-eurostat-news/w/DDN-20230330-1.

[5] Hellstrand, J Nisén, V. Miranda, P. Fallesen, L. Dommermuth, M. Myrskylä, « Not Just Later, but Fewer: Novel Trends in Cohort Fertility in the Nordic Countries », Demography, 2021, 58(4), 1373*1399.

https://read.dukeupress.edu/demography/article/58/4/1373/174063/Not-Just-Later-but-Fewer-Novel-Trends-in-Cohort.

[6] https://ec.europa.eu/eurostat/web/products-eurostat-news/w/DDN-20230330-1.

ENCADRÉ MÉTHODOLOGIQUE

 

https://ec.europa.eu/eurostat/statistics-explained/SEPDF/cache/115485.pdf

 

Fécondité

Pour l’année de départ de la projection, les taux de fécondité par âge sont calculés à partir des données relatives aux années 2018-2020, sans l’année 2021 affectée par le Covid dans une proportion inconnue. Ces taux sont ensuite augmentés ou diminués proportionnellement pour correspondre au nombre de naissances de 2022.

L’hypothèse d’évolution de l’indicateur conjoncturel de fécondité (ICF, nombre moyen d’enfants par femme dans l’année) combine une extrapolation tendancielle et une hypothèse de convergence vers une valeur horizon fixée à 1,77 et supposée atteinte au-en 2150[1]. Jusqu’en 2024, seule joue l’extrapolation tendancielle. Après, intervient le facteur de convergence dont le poids augmente linéairement jusqu’en 2100.

1,77 est extrapolé à partir des données des années 2016-2020 pour les pays dits « les plus avancés dans l’évolution de la fécondité» : Irlande, Suède, France, Danemark, Finlande, Belgique et Pays-Bas. Ce point de convergence est en recul par rapport à celui d’EUROPOP2018 (1,83). En 2016-2020, seule la France (1,87 en moyenne) dépasse ce niveau de fécondité. EUROSTAT anticipe donc, pour tous les pays de l’UE27 sauf la France, une remontée progressive de la fécondité. Néanmoins, il ajoute qu’une étude récente de la fécondité dans les pays nordiques, champions de la conciliation entre travail et maternité, indique que le rattrapage aux âges plus élevés de la fécondité (en baisse aux âges plus jeunes) n’est pas garanti, en raison d’une progression du nombre de femmes restant sans enfant. La baisse de fécondité observée récemment dans ces pays a concerné prioritairement les 1ers nés[2].

Les taux de fécondité par âge sont obtenus par interpolation linéaire entre 2022 et l’année de convergence, puis ajustés afin de correspondre à l’ICF de l’année.

 

Mortalité

Les taux de mortalité sont supposés revenir, en 2024, au niveau précédant l’épidémie de Covid (2018-2019). Après cette date, les taux de mortalité par âge et sexe sont soumis à une convergence partielle, sur une tendance croissante de l’espérance de vie.


Migrations

Immigration et émigration sont projetées séparément, la première en valeur absolue et la seconde en taux, pour déterminer une immigration nette (entrées-sorties).

L’immigration est décomposée en :

  • un nombre d’immigrants déduit des tendances passées, ventilé par sexe et âge et modélisé séparément pour les pays de l’UE et hors UE. Jusqu’en 2027, les flux sont obtenus par interpolation linéaire entre le flux 2022 et la moyenne des flux annuels passés, niveau attendu pour 2027. Cette moyenne porte sur vingt ans (2003-2022) pour les pays qui ont rejoint l’UE avant 2004. Pour les autres, elle porte sur les dix dernières années (2013-2022). Ce qui postule une absence de tendance repérable au cours des années passées, qui pourrait être prolongée, gelée ou inversée. Après 2027, un mécanisme de convergence de l’immigration entre en jeu à l’horizon 2150. Le profil par sexe, âge et origine (UE, hors UE) est celui de l’immigration dans l’UE27 en 2013-2021 ;
  • un mécanisme de rétroaction dans lequel toute diminution de la population en âge de travailler (15-64 ans) déclenche une immigration en provenance de pays hors UE27 équivalente à 10 % de cette diminution. La répartition par sexe et âge est celle du flux précédemment estimé ;
  • la poursuite, jusqu’en 2023, du flux d’Ukrainiens bénéficiaires d’une protection temporaire équivalent à 15 % du flux de 2022. Ce dernier correspond au nombre d’Ukrainiens, par sexe et grand groupe d’âges, bénéficiant d’une protection temporaire fin décembre 2022. Les effectifs par grand groupe d’âges sont décomposés en fonction de la répartition par âge de la population de l’Ukraine en 2021[3].

L’émigration est décomposée en :

  • une émigration dérivée des tendances passées, supposée converger vers un taux d’émigration commun à l’UE. Jusqu’en 2027, le nombre d’émigrants est censé converger vers la moyenne des flux de sorties des 20 dernières années (2003-2022) pour les pays ayant adhéré à l’UE avant 2004 et la moyenne sur dix ans (2013-2022) pour ceux ayant adhéré après 2004. Ce qui postule, comme pour l’immigration, une absence de tendance repérable au cours des années passées, qui pourrait être prolongée, gelée ou inversée. Ces effectifs sont ventilés par sexe et âge, selon la répartition des années 2013-2021 et convertis en taux d’émigration. Après 2027, les taux d’émigration sont censés converger linéairement vers les taux moyens de l’UE avec une égalisation des taux entre hommes et femmes en 2150. Le niveau de convergence de ces taux d’émigration n’est pas précisé.
  • une émigration de réfugiés d’Ukraine au cours des années 2024 à 2033. Diverses enquêtes ont montré qu’une proportion substantielle d’Ukrainiens avait l’intention de rester dans l’UE. Eurostat a modélisé le retour de 67 % d’entre eux sur dix ans.

Eurostat a mis en ligne le résultat de ces hypothèses migratoires sous la forme de l’immigration nette (qui peut être négative lorsque le nombre de sorties du territoire dépasse le nombre d’entrées) par sexe et âge chaque année. 

L’année 2022 est très marquée par l’asile temporaire attribué aux Ukrainiens. L’opération d’alignement de l’immigration en 2027 sur la moyenne des années 2003-2022 ou 2013-2022 réduit drastiquement le taux d’immigration nette, lequel redevient négatif pour la Pologne et est très faible pour la France (divisé par près de 4 en cinq ans). La Pologne connaîtrait ainsi un taux d’immigration nette supérieur à celui de la France dès 2040.

 

Cinq projections alternatives


La projection avec une fécondité basse se résume à baisser de 20 %, dès 2023, les taux de fécondité par âge.

La projection à mortalité basse suppose une espérance de vie de deux ans supérieure en 2100.

Une autre projection envisage une hypothèse migratoire à zéro et deux autres jouent sur l’immigration en provenance de pays n’appartenant pas à l’UE27 : - 33 % et +33 % dès 2023. La projection à zéro migration permet d’estimer l’apport démographique des migrations découlant des autres hypothèses migratoires.

 

Compte tenu du mode de calcul des flux de l’année 2027, l’immigration nette serait en France, dans l’hypothèse basse, réduite à sa plus simple expression cette année-là (9 ‰, soit à peine plus de 6000 entrées nettes !). Le taux d’immigration nette de la Pologne, négatif en 2027, se retrouverait, dès 2039, plus élevé qu’en France. Sans doute cela tient-il en partie au mécanisme de rétroaction lié à l’évolution nombre de personnes en âge de travailler en Pologne.


[1] Après quelques échanges par mail, il m’a été indiqué que l’horizon était 2150 pour l’immigration. Sans réponse sur l’horizon de convergence des autres variables, j’ai supposé que l’horizon était le même.


[2] https://read.dukeupress.edu/demography/article/58/4/1373/174063/Not-Just-Later-but-Fewer-Novel-Trends-in-Cohort op. cit.


[3] Les naissances ont été estimées à partir du taux brut de natalité ukrainien en 2021. Il n’a pas été tenu compte de la mortalité sauf pour ceux atteignant 100 ans et qui meurent tous dans l’année qui suit.